L'Empreinte - Alexandria MARZANO-LESNEVICH
Lu! Premier Récit d'Alexandria MARZANO-LESNEVICH - L'Empreinte-.
Ce récit est doublement autobiographique. L'histoire tragique d'un pédophile-tueur ramène inexorablement l'auteure sur son passé.
Ricky LANGLEY a 26 ans, de grosses lunettes, les oreilles de choux héritées de l'alcoolisme et des médicaments pris lors de la grossesse de sa mère, elle même victime d'un grave accident de voiture ayant causé la mort de deux de ses enfants...Il ouvre la porte à Jeremy GUILLORY, 6 ans, venu jouer avec Joey et June, les enfants des LAWSON qui louent une chambre à Ricky. Les enfants ne sont pas là et Jeremy les attend dans leur chambre...
Ce qui se passe alors est indéfinissable, Ricky tue Jeremy, il l'avoue et ce fait est entendu mais tout ce qui gravite autour est flou, sans certitudes,...
Ricky se sait pédophile, a demandé qu'on l'aide,...Ricky est né sur une gestation compliquée, l'ayant très certainement affecté ...mais cela enlève-t-il une once de responsabilité dans ses actes...
Se tient ici la notion de responsabilité, de notions concrètes du bien et du mal, de l'impact environnemental...
3 procès auront lieu, 2 le condamneront à perpétuité pour homicide volontaire mais enlèveront la mention d'assassinat (de préméditation)...
C'est une affaire vraiment complexe qui semble ne pas avoir été au bout, et d'ailleurs semble dans l'incapacité d'aller au bout....
L'auteure, Alexandria, quant à elle, subit dans son âme et dans son corps les séquelles des sévices qu'elle a subit dès le plus jeune âge par son grand-père pédophile... Et ce qu'elle décrit du poids du silence est terrible : la scène où son père dit devant toute sa famille qu'elle écrit un livre mais dont les souvenirs n’appartiennent qu'à elle, est terrible, quelle solitude, quel déni, qu'y-a-t-il donc tant à sauver pour étouffer à ce point l'ignominie de tels actes.
Elle décrit des sentiments qui nous semblent si proches : lorsqu'elle dit qu'elle a 'besoin de quelqu'un pour exister' (Page 202), que "Lorsque qu’on vous offre une planche de salut, vous ne cherchez pas à savoir si c'est la bonne" ( Page 239)...Que de sentiments simples mais si pertinents...
Son approche de la cause directe des faits est intéressante bien que non-usité dans le droit criminel- seulement en droit civil (Page 412-413). Sa vision de ce qu'est la justice est pleine de bon-sens...
Comment, dans ce contexte, comprendre que Lorilei GUILLORY, demande au jury d'épargner la peine de mort à l'homme qui a tué son tout jeune fils? Est-ce une mère courage capable de pardonner, où une mère indigne, soulevée par d'autres éléments?
Cette question va amener l'auteure dans cette histoire criminelle particulière où personne n'a envie de trancher sur la question?
C'est un livre touchant, sincère. On se sent proche de l'auteure dans le fait de pourchassser le passé, le dompter, le comprendre pour accepter que l'on a été et ce que nous sommes devenu.
Mais voilà, face à Ricky: "l'homme qui est assis en face de moi est un homme. il ne sera jamais entièrement telle chose, ou telle autre. Seule une histoire peut l'être. Jamais un être humain. "(Page 448).
Tout ce chemin pour conclue t-elle avoir "un foyer dans lequel mes souvenirs du passé peuvent subsister sans danger auprès de mes espoirs pour l'avenir." (Page 471).
Un passé omniprésent empêche le présent d'exister et le futur de se construire.
L'auteure réalise ici ce que chacun d'entre nous devrions faire : régler ses comptes avec le passé pour pouvoir le laisser enfin à sa place et ne pas polluer le reste de nos vies.
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