J'entends des regards que vous croyez muets - Arnaud CATHRINE

Dernier roman d'Arnaud CATHRINE - J'entends des regards que vous croyez muets.

L'auteur croise des gens dont il invente des vies. 

"Je passe mon temps à voler des gens. Dans le métro, dans la rue, au café, sur la plage. Ce peut être une femme, un homme, un adolescent, une enfant, un couple,...J'ai toujours un carnet et un stylo sur moi. Je tente de les deviner, aucun ne doit me rester étranger, je veux les garder, je finis par les inventer, ce que je nomme voler" dit-il en préambule. 

L'auteur s'y dévoile par procuration et dans ses fantasmes. 

J'avais ce même "défaut": imaginer des instants de vie des gens que je croisais soit derrière les lumières allumées des bâtisses, notamment lorsque petite, mon géniteur nous emmenait ma mère, mes sœurs et moi dans ces "balades en voiture" dont je n'ai jamais compris l'intérêt...(repérer des bons coins de chasse, surveiller les alentours, ou simplement pour de temps à autres jouer au chef de famille?)... 

Dans ces moments-là, l'histoire diffère selon l'humeur, selon nos propres besoins : besoin d'être rassuré, on invente une vie encore plus merdique ; besoin de croire, on invente une vie remplie d'amour, de félicité et si ces gens sont proches et que l'on perçoit une part d'eux, on extrapole l'existant...

Je pense qu'il s'agit d'un "jeu" que beaucoup d'entre nous faisons mais le coucher par écrit est une autre affaire. 

Arnaud CATHRINE pousse le "vice" à son paroxysme et excelle dans cet exercice. Ce livre a le mérite de l'originalité et de la sincérité d'âme.  

Petit plus: 

Je trouve souvent les couvertures de livres bâclées, là, j'aime bien celle-ci: ce faux-miroir, et si c'était  nous vu dans les yeux de l'auteur, nous sans être nous comme ce miroir floutant...Bien vu!

Petit moins: 

Purement pratique, les titres des récits auraient pu être intégrés au début de chacun d'eux.