L'homme sans ombre - Joyce Carol OATES
L'homme sans ombre de Joyce Carol OATES :
Une jeune chercheuse, Margot SHARPE, 23 ans, a l'immense privilège d'être une étudiante collaboratrice de l'éminent Professeur Milton FERRIS, au laboratoire de neuropsychologie de Darven Park, Philadelphie, en 1965.
Elle va donc intégrer le PROJET E.H. pour Elihu HOOPES, 37 ans, un homme élégant, cultivé, qui a été victime d'une encéphalite d'origine infectieuse ayant causé une amnésie sévère, avec une mémoire immédiate de soixante-dix secondes.
Margot va poursuivre le Projet E.H. 31 ans durant. Elle va être séduite, attendrie et finalement amoureuse de cet être hors-normes. Elle va tenter de percer ses secrets et notamment de comprendre ce dessin qu'il fait régulièrement d'une jeune fille morte, nue, flottant dans l'eau.
Tiraillée entre sa recherche scientifique, sa déontologie et ses sentiments croissants pour Elihu, elle va devoir veiller à ne pas se perdre elle-même, même si les années passant Eli devient de plus en plus imprévisible, colérique parfois, comme si vivre perpétuellement dans son présent de 70 secondes, avec un passé troublé pour unique repère le rendait prisonnier de lui-même.
C'est un très bon roman avec un très bon sujet. Cette relation interdite mais touchante comme un don de soi est magnifique quoique étrange et surtout interdite.
L'auteure s'interroge sur ce qui fait de nous ce que nous sommes, avec une approche scientifique du phénomène de mémoire et d'identité mais également philosophique par les questionnements sur le lien entre identité et mémoire.
On pénètre dans le flou existentiel d'Elihu (bien ressenti pas des répétitions créant pour le lecteur ce malaise existentiel) et la complexité des rapports de Margot avec son sujet de recherche, Elihu.
EXTRAITS :
"Elihu Hoopes est prisonnier d'un présent perpétuel, se dit Margot. Comme un homme tournant en rond dans des bois crépusculaires: un homme sans ombre." (Page 27)
"La forme la plus extrême d'amnésie serait la prosopagnosie : l'incapacité de reconnaître son propre visage dans une glace.
Sauf que la prosopagnosie ne relève pas à proprement parler de l'amnésie. C'est un défaut de perception, non de mémoire."(Page 113).
D’ailleurs Elihu ne semble pas plus gêné que cela lorsqu'il se regarde vieillissant dans le miroir alors que son esprit est resté à 37 ans. Il considère qu'on ne voit dans le miroir que le reflet qu'on veut bien lui donné, un être ressemblant mais ne reflétant pas l'exacte vérité d'un faciès.
"Comment savons-nous qui nous étions si nous ne savons pas qui nous sommes?
Comment savons-nous qui nous sommes, si nous ne savons pas qui nous étions?" (Page 271)
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