L'odeur de la colle en pot - Adèle BREAU

Dernier roman d'Adèle BREAU - L'odeur de la colle en pot. 
MON SYNOPSIS :
1990 : Caroline rencontre pour la première fois Vanessa, qui deviendra son amie et confidente, lors de cette rentrée en classe de 4ième dans un collège parisien. Elle débarque juste dans la capitale, son père ayant besoin de se rapprocher du lieu de son travail. 
En cette année de collège, elle va connaître les méandres de l'adolescence, toutes ces joyeusetés inhérentes à cet âge dit "ingrat" : cette capacité de l’adolescente de passer de l'euphorie à la mélancolie morbide en trois-quarts de seconde, cette découverte de l'attirance pour l'autre sexe, cette inaptitude à comprendre l'adulte qui ne comprend pas l'ado...
Caroline va traverser comme elle le peut cette turbulence en elle-même et dans son foyer. Foyer dont elle a un peu honte, car si différent, pas comme celui des autres...
Et l'image, l'acceptation des autres à son égard, si pesante à cette période...
Caroline se livre à nous bien plus qu'à quiconque avec son regard d’adolescente en pleine révolution de son temps d'enfance.

MON AVIS : 
Ayant eu effectivement 13 ans en 1990, je me suis plongée dans ce livre avec délice. J'y ai retrouvé tout le décor d'alors. 
En cela, le titre est très bien choisi, non-pas qu'il y ait une intrigue sur le pot de colle en question mais c'est tout un univers qui suit ce pot, notre univers, mon univers d'alors. 
Cette vision adolescente totalement intemporelle est touchante. Ce sentiment d'être une famille trop différente où rien est fait comme dans les autres familles...très amusant quand on sait que finalement chez les autres c'est pareil. 
Le décor qui fut le mien parait antique : walkman, FidoDido, téléphone à cadran...
Une bouffée de nostalgie drôle et touchante. 

EXTRAITS : 
"Il y avait encore les photos de Ghost, que j'avais vu avec Vanessa le mercredi précédent, et celle où le personnage de Patrick Swayze pas encore mort fait de la poterie torse nu avec Demi Moore. La sensualité de cette scène nous avait cueillies, voire carrément gênées, avec Vanessa. Il faut dire que ce torse nu et ces mains dans la glaise, c'était quelque chose. Quelque chose que mes parents n'auraient jamais fait. D'autant que maman aurait déclaré que ça allait tout salir, et qui est-ce qui allait se taper de ranger." (Page 61)

"...j'ai juste atterri là où l'on m'avait mise, chez ce couple qui gueulait tout le temps son mal-être de vivre ensemble." (Page 97)

"Est-ce que, à treize ans, j'étais déjà censée penser à la vie active? J'avais déjà du mal à cerner les contours de mon existence actuelle..." (Page 118)

"Chez la maîtresse? Qui avait bien pu inventer ce mot? Comment pouvait-on avoir choisi le m^me pour désigner cette femme chez qui dormait probablement mon père et celle qui s'occupait de Charlotte toute la journée dans une salle de classe? C'était idiot. Est-ce que le premier homme qui avait abandonné sa famille l'avait fait avec la préceptrice de ses enfants? Oui, ça devait être quelque chose comme ça. (Pages 148-149)

"On ne cessait de nous seriner qu'avec la guerre, le sida et le chômage qui ne cessait d’augmenter, notre génération serait probablement "sacrifiée", contrairement à celle de papa et maman, ou leurs amis, qui avaient pu vivre leurs excès en toute liberté. Comme Jim Morisson, les Beatles ou Janis Joplin - même si j'imaginais mal mon père ou ma mère les cheveux ceints de foulards bariolés, fumant de la drogue en riant avec désinvolture au son du rock'n roll. Je crois bien que les adultes avaient inventé ce concept pour se dédouaner de ne savoir que faire de leurs enfants devenus grands, d'être incapables de leur parler et de les comprendre." (Pages 188-189)

"Un instant, je me suis demandé si mon père s’effaçait de la photo, petit à petit, sans bruit, ainsi qu'il en donnait l’impression diffuse,..." (Page 204)

"...On s'adaptait à notre infirmité de lui. S'il voulait continuer à tout savoir de nous, il n'avait qu'à pas partir...." (Page 250).




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