Ne t'inquiète pas, tout va bien - Ariane DUBOIS
Dernier né d'Ariane DUBOIS, Ne t'inquiète pas, tout va bien.
MON SYNOPSIS :
L'auteure se raconte dans ce récit où se mêle cynisme, mauvaise foi et sincérité intellectuelle.
Elle qui a connu le faste dans cet univers de la mode pendant dix ans, se perd dans ce qui pour elle est un non-sens de l'existence. Elle s'enfonce alors dans ce burn-out où elle décrit cette violence physique et morale qui en résulte.
"Un burn-out. Un putain de burn-out.
Qu'est-ce que c'est ? Peut-on mourir de ça ?
Je ne sais pas.
Et pour le moment, je m'en fous.
Pour le moment, je ne pense plus, je ne mange plus,
je ne bois plus, je ne pisse plus, je ne pleure plus.
Pour le moment, je respire. C'est tout."
Puis doucement, la reconstruction et la quête de sens, indispensable à chaque individu. L'auteure exprime parfaitement la difficulté de ce chemin, cette renaissance, pour enfin être qui l'on est, s'autoriser sa propre existence.
Son "conseil d'administration" est absolument intransigeant face à cet égo lourdingue. Un combat raconté avec humour, auto-dérision et une certaine colère face à ce qu'elle hérite, comme chaque individu, des carcans de ses parents. "Françoise DOLTO disait de sa propre mère : "Je n'avais plus besoin d'elle pour me punir, je le faisais dorénavant toute seule, signe qu'elle avait parfaitement réussi mon éducation."" (Page 151)
MON AVIS :
Très bon récit de ce personnage vers qui, je dois être honnête, je n'irais pas forcément à première vue.
J'ai apprécié l'honnêteté intellectuelle de l'auteure, qui exprime très bien cette lutte intérieure contre les faiblesses inhérentes à l'être humain, ce qui à première vue flatte l'égo mais dont le prix est de se perdre pour finir par ne pas se reconnaitre dans ce que l'on vit chaque jour.
Ce burn-out est comme une étape où elle tente de disparaitre pour renaitre en la personne qu'elle veut être, et en premier lieu une personne heureuse et libre ....
EXTRAITS :
"Or dans la mode, la règle d'or est de toujours cacher ce qui est vrai : son passé peu glorieux, ses grosses fesses, son gros découvert, sa grande ignorance..." (Page 21)
"Je me souviens d'un dimanche soir, gris et déprimant comme tous les dimanches soirs, j'avais googlisé le mot "travail". J'avais découvert qu'il venait du latin tripalium qui désigne (selon Wikipédia) "un instrument de torture formé de trois pieux, auquel on attachait les animaux ou les esclaves pour le punir".
J'avais donc par là même découvert que ceux qui n'aiment pas travailler ne sont pas des feignants, comme veut nous le faire croire la société, mais des gens sains d'esprit qui n'ont pas envie de se faire torturer. Et qui en ont dans la culotte! Parce que oui, il faut un sacré courage pour dépasser la peur de manquer de thunes qui nous aliène dans un travail à la con." (Page 87-88)
En parlant d'HEC :"...cette Haute Ecole de Commerce pratique un Haut Essorage de Cerveau" (Page 100)
"...dans une vie médiocre, il n'y a que des actions non-abouties et des rêves en suspens. On ne fait rien parce qu'on a peur de tout. ...C'est une vie tiède, confortable, conformiste, que l'on passe dans un doux abrutissement. Cette vie-là mène doucement à la mort sans qu'on ait vraiment vécu..." (Page 124)
"...être adulte, comme disait Dolto, c'est brûler les idoles, tuer le père et la mère pour devenir qui on est." (Page 142)
"...je peux enfin devenir papillon et m'envoler vers l'infini, l'infini des possibles." (Page 150)
"Tel un comédien qui joue des rôles, j'avais successivement joué la petite fille modèle, l'ado rebelle, la fashionista, la connasse, l'altruiste, etc. à la différence que j'avais fini par oublier que c'était pour de faux. " (Page 236)
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