La plus secrète mémoire des hommes - Mohamed Mbougar SARR

Dernier roman de Mohamed Mbougar SARR - La plus secrète mémoire des hommes : 

QUATRIEME DE COUVERTURE :
"En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le Labyrinthe de l'inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de "Rimbaud nègre", depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s'engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T. C. Elimane, où il affronte les grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l'Argentine, quelle vérité l'attend au centre de ce labyrinthe ?
Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l'accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s'observent, discutent, boivent, font beaucoup l'amour, et s'interrogent sur la nécessité de la création à partir de l'exil. Il va surtout s'attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda...

D'une perpétuelle inventivité, La plus secrète mémoire des hommes est un roman étourdissant, dominé par l'exigence du choix entre l'écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face-à-face entre Afrique et Occident. Il est surtout un chant d'amour à la littérature et à son pouvoir intemporel."

MON AVIS : 
Très bon roman de cet auteur. Une quête de l'écrit et un amour de la littérature portés à leurs paroxysmes, jusqu'à l'erreur peut être. 

Un hommage à Yambo OUOLOGUEM dont j'avais lu et apprécié "Le devoir de violence" 
https://lapetitelibrairiedegeraldine.blogspot.com/2018/10/le-devoir-de-violence-yambo-ouologuem.html
Yambo OUOLOGUEM était un personnage atypique, aux propos acérés mais justes, à contre-courant, incitant au minimum à une réflexion nécessaire de l'ensemble des protagonistes établissant une société. 
https://www.youtube.com/watch?v=OHTo8XYbGe4

Mohamed Mbougar Sarr exprime parfaitement la quête de compréhension et le malaise de l'écrivain blessé dans le rejet de son œuvre (l'essence de son existence). Le jeune écrivain sénégalais, Diégane Latyr Faye, est bien façonné, en penseur naissant et ballotté entre des cultures diverses (toute une richesse à apprivoiser à mon sens). 
J'ai apprécié la capacité de l'auteur à jouer avec les contrastes entre un langage soutenu et parfois un langage tranchant, à la limite du grossier. 
Le choix des pronoms personnels utilisés sème le trouble entre le passé (histoire racontée) et le présent (instant présent) : le "il" devient "tu" et le "je" omniprésent bien que le locuteur change. Tout devient ainsi restreint au temps présent comme si chaque action, chaque pensée était intemporelle. 
C'est très bien pensé et très bien écrit, A LIRE ABSOLUMENT!!

EXTRAITS :
"la vie rajoutais-je, n'est rien d'autre que le trait d'union du mot peut-être" (Page 25)

"Les grandes œuvres appauvrissent et doivent toujours appauvrir. Elles ôtent de nous le superflu. De leur lecture, on sort toujours dénué : enrichi, mais enrichi par soustraction." (Page 47)

"...écrire un livre de régression personnelle déguisé en manuel de développement personnel." (Page 49)

"On croit, avec la force de l'évidence, que c'est le passé qui revient habiter et hanter le présent. Il faudrait considérer que la proposition inverse soit aussi vraie sinon davantage et que ce soit nous qui hantions sans jamais leur laisser de repos ceux qui nous ont précédés. Nous sommes les vrais fantômes de notre histoire, les fantômes de nos fantômes." (Page 204-205)

"Mais aussitôt après les prières, le ballet de ponce-pilatisme s'ouvrait : chacun se lavait les mains de la responsabilité de ce qui était arrivé." (Page 333)

"...le statu quo profite toujours au pouvoir." (avec la page qui précède soit 361-362)

"...espérer qu'une dictature devienne moins violente parce qu'on ne lui résistait pas était une illusion suicidaire doublée d'une lâcheté." (Page 384)

"le passé a du temps ; il attend toujours avec patience au carrefour de l'avenir ; et c'est là qu'il ouvre à l'homme qui pensait s'en être évadé sa vraie prison à cinq cellules : l'immortalité des disparus, la permanence de l'oublié, le destin d'être coupable, la compagnie de la solitude, la malédiction salutaire de l'amour." (Page 451)




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