La Carte Postale - Anne BEREST
Dernier né d'Anne BEREST - La Carte Postale.
QUATRIEME DE COUVERTURE :
« La carte postale est arrivée dans notre boîte aux lettres au milieu des traditionnelles cartes de vœux. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme. Il y avait l’opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale, en explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi.
Ce livre m’a menée cent ans en arrière. J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre.
J’ai essayé de comprendre pourquoi ma grand-mère Myriam fut la seule qui échappa à la déportation. Et d’éclaircir les mystères qui entouraient ses deux mariages.
Le roman de mes ancêtres est aussi une quête initiatique sur la signification du mot “Juif” dans une vie laïque. » A.B.
MON AVIS :
"Roman vrai" d'une écrivaine en quête de son histoire familiale.
Etant dans une démarche similaire comme beaucoup de personnes arrivant à la quarantaine, par ce besoin viscéral de savoir d'où l'on vient et ce qui a fait de nous ce que nous sommes, ce livre m'a touchée.
Elle va partager ses recherches avec pudeur et sincérité.
Cette carte postale, arrivant d'on ne sait où et d'on ne sait qui, est effectivement l'énigme idéale pour le départ de ce long chemin. Et l'anecdote vécue par sa fille, Clara, qui a l'école s'entend dire que "dans ma famille, on n'aime pas les juifs" alors qu'elle même ne sait pas ce que cela signifie est à la fois touchante et désespérante. Cet épisode sera une raison supplémentaire de connaître son histoire.
(Toujours les mêmes ressorts et les mêmes pensées absurdes de certains individus se considérant supérieurs à leurs congénères, pourtant nous sommes tous des entités insignifiantes qui ensembles, formeraient un groupe 'sympa' qui pourrait faire de grandes choses si l'individualisme et la soif intarissable de pouvoir de l'homme sur l'homme ne venaient tout gâcher - Idées un peu naïves en apparence mais simples et surtout miennes -).
Toujours est-il que l'auteur non plus ne sait pas trop ce que cela signifie vraiment "être juive", puisqu'elle ne connait pas plus avant les traditions juives, "être juif" est pour elle de l'ordre du concept. Ses parents ne l'ont pas élevée dans le judaïsme mais plutôt dans le 'socialisme laïque et républicain'. Sa "grand-mère, seule survivante, n'est plus jamais entrée dans une synagogue. Dieu était mort dans les camps de la mort."(Page 239).
Elle va donc découvrir ses origines et toutes les souffrances de ces aïeux et découvrir ce qui fait d'elle et de sa mère des "fille et petite-fille de survivants".
Le sujet traité, pourtant dur et lourd d'émotions, n'entre pas dans un pathos dégoulinant mais dans une vérité et une simplicité, montrant une force de résilience palpable de ces survivants qui nous oblige au respect.
On remarquera qu'à cette période les lois furent promulguées au gré des volontés d'expropriation puis d'extinction, on oblige au recensements des personnes d'abord, puis des biens. Puis on leur demandera "une participation à l'effort de guerre du Reich" parce que "Le travail rend libre" (comme le vantait l'entrée d'Auschwitz).
EXTRAITS :
Parlant de la neige qui recouvre tout : "Elle a trouvé que c'était beau, tout ce rien, cet effacement de la couleur et des lignes. " (Page 7)
"Comment savoir que l'on est en vie, si personne n'est le témoin de votre existence?" (Page 412)
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